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Stéphane Keïta : "Il nous faut faire émerger de nouvelles solutions"

Dans une 2e édition des Entretiens du Cadre de Ville qui met l'accent sur le "coût" de la ville, le président-directeur général de la SCET analyse plusieurs tendances nouvelles de l'urbanisme opérationnel - qui ont conduit la SCET à étendre son champ d'expertise en 2017. Il alimente le débat sur une nécessaire "Alliance des territoires". "Nous constatons un regain de projets dynamiques dans certaines villes moyennes", relève-t-il.
Stéphane Keïta, président-directeur général de la SCET - photo Jean-Marc Pettina

Stéphane Keïta photo Jean-Marc Pettina

Cadre de Ville : Selon vous, quels sont les enjeux majeurs de la ville de demain ?
Stéphane Keïta : A l’heure où plus de 80% de la population en Europe vit en ville, qu’il s’agisse de métropoles ou d’agglomérations petites et moyennes, la ville est l’espace où se focalisent les grandes questions de société. Elle demeure le lieu de concentration des activités humaines, de l’économie, du commerce, de la diffusion des connaissances, de la culture et du vivre ensemble. Mais, s’il suffisait, jusqu’à ces dernières années, de créer des infrastructures pour engendrer le développement, le contexte a aujourd’hui profondément changé.

Nous sommes face à quatre grands défis : la transition territoriale, la transition écologique et énergétique, la transition numérique, la transition démographique et sociale. De nouveaux modèles économiques apparaissent, collaboratifs, circulaires et serviciels. Aujourd’hui, dans une situation où les ressources publiques se font plus rares, refaire la ville sur la ville, renouveler, redynamiser, reconquérir la ville… est plus que jamais un enjeu, des grandes métropoles aux villes moyennes et aux centres-bourgs.  Cet horizon nous pousse sans cesse à innover : dans les montages opérationnels, financiers, comme dans l’invention de solutions durables.

CDV : Avez-vous identifié de nouvelles tendances, de nouvelles façons de faire ?
S.K. : Plusieurs tendances nous invitent à faire émerger de nouvelles solutions dans la production et la gestion de la ville. Par exemple, la maîtrise et de l’usage de la donnée (big data et smart data) par les acteurs de la ville ; l’aspiration à une participation plus active des habitants, des citoyens et de la société civile aux projets urbains ; l’invitation à penser des espaces capables d’accueillir des usages – économiques, culturels ou résidentiels – pouvant évoluer dans le temps ; le challenge de la ville durable, couplé à celui de faire plus et mieux avec moins, dans un contexte d’exigences renouvelées en termes de transition écologique et solidaire.  
Il nous faut réinventer, dans ce contexte, des modèles, des façons de permettre aux projets innovants de se déployer. 

Par exemple, nous suivons de près les travaux du think-tank Chronos et partageons le constat optimiste d’un regain de projets dynamiques dans certaines villes moyennes. Circuits courts, économie circulaire, budgets participatifs, fabs labs, partage de biens et de services via des outils numériques … sont autant de formes de l’économie collaborative qui ne sont pas seulement l’apanage des métropoles, mais aussi des territoires. 
Autre exemple : l’apparition de nouveaux modes de faire comme les appels à projets, les appels à manifestations d’intérêts, qui vient percuter nos questionnements sur la fabrication de la ville.

"LE MODELE DE L'ECONOMIE MIXTE, ANIME PAR L'INTERET GENERAL"

 CDV : Comment adaptez-vous la SCET à ces tendances ?
S.K. : L’évolution de notre organisation traduit l’objectif de se connecter aux défis actuels.
Nous avons nous-mêmes fait notre révolution digitale, en créant un réseau social qui réunit 300 opérateurs urbains et de plus de 6 000 professionnels : Reseauscet, véritable plate-forme d’échange interactive au service des projets de territoire. 

En un an, la SCET a constitué un puissant archipel d’expertises et d’ingénierie de projet. Nous disposons désormais d’un vivier de plus de 500 collaborateurs. 
L’acquisition de CEI (expertise en immobilier et patrimoine), de Citadia (planification et maîtrise d’œuvre urbaine) et d’Aatiko (conseil en immobilier social) nous positionne sur un spectre élargi dans le conseil aux villes et aux territoires. 
L’association avec notre partenaire Spallian, leader dans l’analyse de données et la smart data, nous permet d’inscrire cette offre de conseil dans une perspective résolument innovante.

Autour de ce nouvel environnement, la SCET apporte un « plus » constitutif de son ADN : le modèle de l’économie mixte, animé par un état d’esprit, l’intérêt général, qui garantit plus que jamais, aux porteurs de projets publics, efficacité et souplesse d’exécution. Adossée à la Caisse des dépôts, notre stratégie propose aux acteurs de la ville une relation de tiers de confiance, à l’interface entre les collectivités et les porteurs de projets révélateurs des nouvelles tendances.

CDV : Que vous apportent les Entretiens  du Cadre de Ville dans ce contexte ?
S.K. : Cadre de Ville est un média spécialisé dans le champ de l’urbanisme et de l’innovation territoriale, avec lequel la SCET coopère, par exemple autour de la question de la « ville négociée » ou de l’ « urbanisme participatif ». Ensemble, nous développons aussi des formations.

En mettant l’accent cette année sur le « coût » de la ville et sur les évolutions des formes de montage entre public et privé, la 2e édition des Entretiens du Cadre de ville n’oublie pas non plus de faire ressortir des thèmes concrets : la ville productive, la santé dans la ville, la ville autonome au plan énergétique, la ville abordable, la ville connectée, etc. 
Le réseau de sociétés que la SCET anime, comme nos consultants, sont bien sûr impliqués dans plusieurs des projets démonstrateurs qui illustreront ces thèmes. C’est aussi l’occasion de réfléchir avec différents acteurs de la ville – de se projeter dans un format propice aux échanges opérationnels autour d’expériences.

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