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Denis Dessus : "Nous, architectes, ne sommes pas des freins passéistes"

Pour le président du Conseil national de l'Ordre des Architectes - membre du conseil scientifique des Entretiens du Cadre de Ville - , la France, et notamment ses architectes, peut porter dans le monde un nouveau modèle de "Science de la Ville". Une ville qui soit à la fois "durable, connectée et solidaire". Les 3e Entretiens du Cadre de Ville exploreront ce nouveau modèle, notamment dans ses Focus sur la gouvernance de la ville numérique, sur l'action dans les territoires fragiles, sur l'agriculture, sur l'énergie, et plus encore...
LES ENTRETIENS DU CADRE DE VILLE ORGANISENT LES REMONTEES D'EXPERIENCE
Les 3e Entretiens du Cadre de Ville, ce sera cette année 33 projets illustrant 11 thématiques de Focus, 8 start-up innovantes pour la ville de demain, et l'intervention de tous les pa    rtenaires... 

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Denis Dessus CNOA2018

Cadre de Ville - Quelle vision portez-vous sur la ville de demain ?  Comment la voyez-vous ? 
Denis Dessus - Le rapport intitulé "vers un modèle français des villes intelligentes partagées", remis le 27 juin 2018 au Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, rappelle à juste titre que la ville de demain, la ville intelligente, "n’est intelligente que par ceux qui la font et la réalisent au quotidien". Le vrai enjeu de la smart city à la française est "de faire de la désintermédiation, moins un acte de profit qu’un enjeu de progrès social".

Car l’enjeu de la ville de demain est bien là : créer une ville connectée, durable et solidaire. La révolution numérique bouleverse la gouvernance et les acteurs de la gestion de la ville, et accélère les mutations. Les mégalopoles asiatiques, et leur capitalisme débridé, sont dans ce domaine, exemplaires : la révolution numérique accélérée que nous observons actuellement à Shenzen ou Shanghai se traduit d’ailleurs plus par un bouleversement de la sociologie, des modes de vie et du tissu économique, que par une gestion urbaine verte et rationnelle. 

Dès lors, comment faire pour que cette troisième révolution industrielle se fasse dans l’intérêt collectif, et non dans celui des grands groupes ? Comment faire pour ne pas donner les clefs de la ville à des puissances économiques qui vont pressurer l’individu-consommateur comme un citron, et évacuer dans des banlieues sordides les consommateurs à faible profit potentiel ? 

CdV - Comment les architectes s’emparent-ils de ces enjeux d'avenir ? 
D. D. - En fait, la ville s’autoproduit, poussée par les forces économiques et politiques qui en génèrent l’évolution. Pour produire une ville douce et intelligente, il faut que notre société soit également douce et respectueuse de ses habitants.

Cela nécessite une compétence des gouvernances au niveau des enjeux, une mise en concurrence aboutissant à une contractualisation réversible des contrats clefs, la maîtrise et le contrôle dans le temps long par la collectivité des savoirs mis en œuvre.

Pour cela il est nécessaire d’associer sociologues, écologues et économistes, et en premier lieu, architectes et urbanistes aux réflexions, programmes de développement et transformation urbaine, ainsi qu’aux cahiers des charges des consultations. Ils sont le plus souvent absents, ou marginalisés en caution intellectuelle, ce qui est symptomatique !

UNE INTELLIGENCE PARTAGEE AU BENEFICE DE TOUS

Nous, architectes, ne sommes pas des freins passéistes, nous souhaitons seulement que la "troisième révolution industrielle" permette le développement des savoirs et de la culture, de l’intelligence partagée, au bénéfice de tous.

Akim Oural précise dans son avant-propos croire beaucoup à "l’expérimentation territoriale, pour enrichir une offre française en résonnance avec son temps". "L’agilité", dit-il, "l’inventivité de nos architectes, de nos urbanistes, de nos ingénieurs ou de nos élus associés à la pensée de nos sociologues, philosophes ou intellectuel(le)s doivent nous placer en leader d’une nouvelle 'Science de la Ville' ".

Ces propos sont encourageants et nous sommes prêts à travailler avec tous ces partenaires sur les enjeux de la ville de demain.

CdV - Vous êtes partenaire des 3e Entretiens du Cadre de Ville. Quelles thématiques de ce programme vous interpellent particulièrement ? Et pourquoi ?
D. D. - Le Conseil national de l’Ordre des architectes, est bien sûr concerné par les logiques de production de la ville d’aujourd’hui et de demain. 
Nous considérons que les logiques partenariales sont les vecteurs de qualité au cœur de ce processus de fabrication de la ville.

La participation aux Entretiens du Cadre de Ville, est aussi l’occasion d’identifier les acteurs et le rôle de chacun, de mettre en exergue la place de l’architecture, au service non seulement d’une forme urbaine, mais aussi d’une réflexion qualitative sur les plans tant social, qu’environnemental.