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11 mai 2021

Limay Porcheville : GPSeO entame l'étude de mutation et extension de la zone industrielle en bord de Seine

Un grand projet industriel va se développer ici, et la question de son intégration est centrale. Il pourrait fairen l'objet d'un futur projet partenarial d'aménagement, un PPA entre collectivités et Etat. En tout état de cause, il mobilise le conseil régional, et le contrat de plan (CPER) de l'axe Seine. Une étude sur 450 ha vient de commencer, dont deux fois 35 ha d'extension, pour accueillir de nouveaux sites industriels et donner des marges de transformation, derrière la centrale d'EDF. GPSeO veut développer ici l'industrie lourde dans une démarche durable, et compatible avec de nombreux usages - bien loin de l'urbanisme de zonage.

"Avec l'arrivée annoncée d'Ikea sur le secteur Haropa, la dynamique de renouveau est bien lancée", se félicite Cyril Trétout, associé et directeur de l'agence ANMA. Ce sont des échelles que les urbanistes n'ont pas l'habitude de pratiquer. Plus souvent, les collectivités font appel aux agences d'urbanisme dont elles sont actionnaires. Cependant, la volonté de déboucher sur des solutions opérationnelles, et sur un accompagnement dans le détail du projet, a conduit la communauté rubaine Grand Paris Seine et Oise (GPSeO), a confier une étude à l'agence ANMA, dans le cadre d'un accord avec marché subséquents. Arep a été désigné sur Les Mureaux, HDZ sur Buchelay, et ANMA sur Limay-Porcheville. 

L'étude débute par une phase diagnostic. "Sur l'existant, la communauté urbaine n'a pas encore fixé d'orientations, et attend le rendu de l'étude pour trouver le bon format opérationnel", fait-on savoir à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSeO). Mais on est plutôt dans l'idée d'orienter l'aménagement de la zone vers une intervention pour enrichir l'offre de services et traiter les espaces publics, plutôt que de chercher à remembrer un périmètre très peu mutable à la parcelle. 

Prendre le temps de la réflexion

L'extension de la zone des Hauts Reposoirs est prévue sur des terres agricoles, dont une partie de la maîtrise foncière est engagée. Le lancement d'études environnementales permettra de préparer un dossier de DUP en 2022, après une concertation obligatoire qui démarrerait en septembre. Les études environnementales ont démarré, et un premier train de fouilles archéologiques a été prescrit. Même si des demandes d'occupants s'expriment déjà pour des développements, GPSeO a plutôt cherché à freiner, pour avoir le temps d'une réflexion de fond sur les aménagements de l'existant, avant de démarrer toute extension.

"C'est à nous de montrer quelles sont les possibilités", précise Cyril Trétout, architecte associé de l'agence ANMA. La situation est complexe. "Par exemple, l'extension souhaitée par Haropa est découpée par un corridor vert inscrit au schéma régional de cohérence écologique. Comment l'intégrer dans une zone industrielle ?" Par ailleurs, les urbanistes d'ANMA réinterrogent la problématique de départ : "Nous comprenons bien l'économie globale de l'opération, et le besoin de capacités foncières pour l'économie, Mais, quand on voit le périmètre délaissé par EDF cotoyant celui d'Haropa, on se demande pourquoi le port veut s'étendre vers le nord, et pas vers le sud, vers l'eau, d'où ils tirent toute leur légitimité..."

Voir la carte des projets urbains de Limay   

Les zones de Limay mises à l'étude représentent 5 000 emplois (cependant que le centre-ville fait l'objet d'une intervention dans le cadre d'Action coeur de ville avec Citallios comme opérateur) sont des zones industrielles, occupées par des activités très spécialisées très polluantes - les possibilités de mutations touchent d'abord les voiries, ou  dépendent d'accords avec les propriétaires, sauf à s'engager dans des opérations foncières très lourdes

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"Nous avons parcouru le territoire avec notre maître d'ouvrage, comme nous faisons toujours, dit Cyril Tretout. C'est l'urbanisme en bottes, on va sur le terrain, on discute." L'agence d'architectes-urbanistes a mis en place une logique d'ateliers de workshop. Notamment, la communauté urbaine est riche de données nécessaires en phase diagnostic. "Les données de base", commente Cyril Trétout, dont l'équipe achève la phase diagnostic, que GPSeO doit se faire présenter fin mai. La mission doit se poursuivre avec l'élaboration d'une stratégie de développement et de deux ou trois scénarios, avant de produire un plan guide sur un des scénarios.

Sandrine Lacaze est devenue DGA aménagement du territoire de GPSeO après les élections municipales. Une direction qui regroupe les deux anciennes DGA : la DGA Aménagement, et celle de la Stratégie et des Grands Projets.
"Nous lançons la réflexion sur un des principaux pôles économiques du territoire, qui représente 5 000 emplois - avec un port notamment, et une activité industrielle."

Articuler 70 ha d'extensions et harmoniser l'existant

La commande porte avant tout sur "deux grands projets : celui d'extension du port par Haropa sur 35 ha à vocation d'activité économique. Et le parc existant, au nord, des Hauts Reposoirs, s'étendrait sur 35 ha également, porté par la communauté urbaine. La question urbaine est compliquée : comment ces deux grands projets vont-ils s'articuler ? et comment peuvent-ils s'harmoniser avec le tissu urbain existant ? 

La priorité est de lancer l'étude, mais déjà il est évident que le grand périmètre pose des questions sur plusieurs pièces bâties à enjeux pour le fonctionnement et la mise en cohérence des secteurs d'activité économique : ainsi, le secteur de la gare de Limay n'est pas dans le périmètre, mais ne peut pas être ignoré, par exemple dans une logique d'évolution des déplacements, aujourd'hui avant tout réalisés en voiture.

Comment intégrer la friche EDF ?

Mais aussi, comment ne pas s'interroger sur la place de l'usine EDF de Porcheville dans la future organisation ? Le PLU intercommunal gèle tout droit à construire sur ce foncier abandonné depuis trois ans par l'électricien. Haropa a lancé depuis quelques jours une étude sur "un site industriel de 100 hectares susceptible de devenir un port". Pourquoi pas ici ? Un projet d'une telle ampleur sera nécessairement porté par plusieurs acteurs. D'abord la région - qui signera le contrat de Plan de l'Axe Seine  - est chef de file en matière d'activité économique. Le département a créé un fonds dédié, et porte une Sem Yvelines Développement. Un contrat de Projet Partenarial d'Aménagement est d'ailleurs envisagé, qui pourrait donner les moyens notamment d'une intervention foncière avec l'Epfif. 

"Le secteur mis à l'étude est dans une position clé pour l'avenir du territoire", estime Sandrine Lacaze. De fait, ce pôle trimodal combine le transport fluvial, ferroviaire et routier - qui aujourd'hui a pris trop de place, et engorge les voies structurantes de ce périmètre. Le projet futur s'appuiera sur le fer et sur la Seine. 

Mesurer les impacts de l'extension nécessaire sur des terres agricoles

Une des questions posées aux urbanistes et experts du développement porte sur la capacité du projet à permettre le développement économique de façon radicalement différente. "Il y aura des extensions sur des terrains aujourd'hui à vocation agricole. Il va falloir interroger ce mode d'extension, pour avoir un impact différent de celui d'un développement jusqu'alors anarchique", commente Cyril Trétout. Notamment, ce très grand périmètre devra être "traversable", indique Sandrine Lacaze. L'ensemble jouxte un parc de loisirs à Porcheville, et, au sud, il est prévu d'ouvrir un accès à la Seine, quoiqu'elle déborde ici. Mais pour Cyril Trétout, "l'inondation fabrique un paysage très intéressant, un réservoir biologique du vivant". 

Ainsi, il faudra pouvoir traverser ces 450 ha, et autrement qu'en voiture, le mode dominant qui sature l'ensemble des réseaux locaux, et contribue à donner de l'industrie une image désastreuse auprès des habitants du village de Limay. Pour la communauté urbaine c'est un sujet aussi important que celui de l'économie : elle réduit les profils des voies dans la zone pour faire place aux modes doux, aux modes actifs, à la végétation. Un schéma cyclable va être élaboré, et une piste ménagée sur la départementale. Le projet prévoit une dimension piétons, modes doux, modes actifs. A l'opposé du fonctionnement actuel. C'est une petite révolution dans la conception des zones industrielles qui se prépare. Mais les collectivités partent de loin.

Densification des parcelles, désimperméabilisation

La cohabitation est difficile avec un lycée, un collège, un gymnase... La communauté urbaine veut qu'à travers les industries déjà installées, on retrouve, non seulement le chemin des déplacements, mais aussi  le chemin de l'eau, celui de la nature. La question du parking qui s'étale va être posée, celle d'installations aujourd'hui pas très denses. "De grandes surfaces imperméabilisées sont disponibles", confirme Cyril Trétout,

Ces parcs qui se sont développés en tournant le dos à la ville, les élus souhaitent les retourner, et y développer d'autres fonctionnalités, notamment des services, et les ouvrir à d'autres usages. "On peut les densifier, soit par reconversion, soit en incitant les entreprises à densifier, que ce soit pour leurs propres besoins, ou dans des opérations de valorisation de leurs fonciers", pense Sandrine Lacaze. L'étude confiée à ANMA doit maintenant dire pour quels programmes. Comment développer l'économie dans une démarche durable ? Le défi pour les urbanistes sera de proposer les scénarios complexes, forcément complexes, qui permettent de faire la ville productive dans des quartiers qui soient urbains. 

Carte de synthèse des principales actions identifiées en phase diagnostic du projet - en pointillés légers, le périmètre des 450 ha de l'étude - l'habitat représente 2% de la surface, les activités économiques 55%, les terres agricoles 15%, les zones naturelles 12%... et les parkings, 12% également

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Limay-Porcheville au coeur de l'industrie de l'Axe Seine

L'axe Seine sera un des axes du projet de territoire de la communauté rubaine Grand Paris Seine et Oise, projet de territoire qui n'avait pu voir le jour dans le précédent le mandat, mais qui est relancé, sous le pilotage du secrétariat général.

"Nous allons organiser des ateliers de travail avant l'été avec les élus", dit-on à GPSeO. L'idée est d'arriver à une formalisation du projet et à sa présentation pour la rentrée de septembre. GPSeO est accompagnée dans cette élaboration par Acadie Daniel Béhar.

La communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise vient de procéder à la réorganisation de ses services. Un nouveau président, Raphaël Cognet, maire de Mantes-la-Jolie, veut incarner une nouvelle vision, "et surtout avec une ouverture aux 73 communes qui constituent la communauté urbaine".

On parlera au Havre, le 31 mai 2021, avec Edouard Philippe, Anne Hidalgo et le maire de rouen Nicolas Mayer-Rossignol, "d'accélérer le fret fluvial". La vocation industrielle de l'Axe Seine mobilise les acteurs de ce grand territoire constitutif du Grand Paris, jusqu'au Havre. Ainsi, Haropa, côté fret, est un acteur majeur, mais également l'ensemble des collectivités locales concernées de façon plus large. Sans oublier le préfet François Philizot, délégué interministériel pour le développement de la Seine, qui coordonne, au nom de l'Etat, le deuxième contrat de Plan inter-régional de l'Axe Seine.

Pour le préfet Philizot, une partie de l'avenir des grandes filières industrielles françaises se joue dans la Vallée de la Seine. Une étude de l'Insee pour les CCI de l'Axe Seine, livrée en novembre 2020, identifie ces filières : la santé, la pharmacie, l'automobile, l"aéronautique, l'énergie et l'agro-alimentaire... Pour ces activités, la vallée est à la fois lieu de production, de flux de matières, de conception et de pilotage de ces filières.
Le secteur industriel de Limay-Porcheville est au coeur de ces problématiques.

Rémi Cambau